Les courants océaniques et les alizés ont une action prépondérante sur les Galápagos, car ils déterminent non seulement le climat, mais aussi les deux saisons qui en résultent, à savoir:
Malgré leur situation géographique équatoriale, les îles sont classifiées comme " subtropicales ", plus que comme tropicales. Cependant, les îles du nord sont presque tropicales, car moins affectées par les eaux froides du sud. Les îles du sud, approchant la limite tempérée des eaux chaudes, sont plus affectées par les eaux froides du courant de Humboldt.
La confluence de plusieurs courants marins aux Galápagos fait de ces îles un lieu géographique peu ordinaire qui, bien que situé très exactement sur l’équateur, n’en a pas les caractéristiques. C’est pourquoi les Galápagos sont considérées comme un microclimat.
Logiquement, l’influence des courants marins est la clé de ce phénomène anormal. Ces masses d’eaux océaniques proviennent essentiellement du sud-est, du nord-est et de l’ouest. Certaines sont froides, comme les Courants Côtier et Océanique Péruviens, avec une température de 150C sur la côte Pérou-Chili. A leur arrivée aux Galápagos, ils remontent à la surface, d’une profondeur de 100 mètres.
Une autre masse d’eau froide importante est le Courant de Cromwell, également appelé le Contre Courant Subéquatorial. Avec un front de 300 km, il vient du Pacifique occidental, très exactement sous la ligne de l’équateur, et sous le Courant Sud Equatorial (qui lui, coule en sens inverse).
Le Courant de Cromwell a une épaisseur de 150 à 200 mètres, avec en son cœur, une température de 130C et une vitesse d’environ 25 cm/sec. Il remonte en affleurements sur les côtes occidentales d’Isabela et de Fernandina, avant de contourner ces îles vers le centre de l’archipel, où son action disparaît progressivement.
A l’encontre du Courant de Cromwell, et cette fois venant de l’est le long de l’équateur, le Courant Sud Equatorial coule à une vitesse de 50 cm/seconde. Ce courant est influencé par les eaux froides du sud-est Pacifique <Courant de Humboldt) et par les eaux chaudes du nord-est venant de Panama (masse d’eau océanique appelée: " El Niño "). La frontière entre les eaux subtropicales du sud et les eaux tropicales du nord est appelée: " Front Equatorial ". Cette diagonale sud-est/nord-ouest s’étire entre 4° de latitude sud et 1° à 3° de latitude nord.
Par ailleurs, il existe une ligne de convergence des alizés, plus ou moins parallèle à ce " Front Equatorial " des eaux. C’est la zone de convergence intertropicale (ZCIT), où se rencontrent les alizés du sud-est et les alizés du nord-est. Cette zone se situe à 100 de latitude Nord en saison froide, et descend à 30 de latitude Nord en saison chaude.
Un autre courant très important, lié au courant de Panama: "El Niño" est le Contre Courant Nord Equatorial (CCNE), qui se situe entre le Courant Sud Equatorial et le Courant Nord Equatorial, à environ 5° à 7° de latitude Nord. Ce courant superficiel apporte des eaux tropicales chaudes du Pacifique ouest et termine sa course dans le golfe de Panama , où il se partage en deux. Une partie remonte vers le nord (Californie), le long des côtes de l’Amérique Centrale. L’autre partie descend vers le sud, où elle rejoint le courant Sud Equatorial, après avoir alimenté le " Courant de Panama " ou " Niño ". Ce Contre Courant Nord Equatorial (CCNE) est le principal transporteur d’organismes marins venant d’Asie, puis de la zone Panama-Colombie vers les Galápagos.
C’est une saison fraîche, qui s’étend de fin mai à fin décembre. La température est alors en baisse par rapport au restant de l’année, amenant un climat subtropical, avec la remontée des eaux froides de l’antarctique.
Une sorte brouillard quasi-permanent couvre le sommet des îles, avec précipitation sous forme de bruine légère: c’est la "garua", terme local donné à cette brume saisonnière, que l’on trouve plus rarement sur la côte.
Pendant la saison de la garua, l’influence de deux courants froids venant du sud, est très importante. Ce sont le Courant Côtier du Pérou et le Courant Océanique Péruvien, autrement regroupés sous le nom unique de: Courant de Humboldt. Cette masse d’eau froide remonte depuis l’antarctique, en longeant la côte ouest de l’Amérique du Sud, puis, arrivé près de l’équateur bifurque plein ouest vers le Pacifique, en traversant l’archipel des Galápagos. Ce courant est aidé dans sa remontée par les alizés du sud-est, particulièrement forts en cette saison. La température de ces eaux est d’environ 18° à 20°C avec une salinité de 35 ppm. La faune marine est très riche. L’action du courant de Humboldt est prépondérante au mois de septembre, et la surface de l’océan est alors particulièrement agitée.
La zone de convergence intertropicale (ITCZ ou ZCIT) se place bien au nord de l’archipel pendant la saison sèche. C’est au long de cette frontière que se rencontrent les alizés venant du sud-est et ceux du nord-est. Les alizés du sud-est poussent les eaux froides du courant de Humboldt vers le nord. De l’air chaud migre donc au-dessus d’un courant froid. La masse d’air chaud, à quelques centaines de mètres au-dessus de l’océan, se refroidit à son contact, se charge d’humidité, et devient lourde à sa base. Une inversion est donc formée, avec de l’air chaud au-dessus et froid en dessous. Un équilibre est atteint, et la couche inférieure est saturée d’eau à l’état vaporisé. Toute vapeur d’eau qui se condense dans l’air apparaît comme un nuage de type " stratus ", formant une couche horizontale, qui ne dépassera pas la base de l’inversion. Ce stratus se déplace au-dessus de l’océan avec très peu de précipitation.
Si cette couche rencontre une des îles à altitude élevée (ex: Santa Cruz), il se produira une élévation orographique avec baisse de pression. L’air chaud va se refroidir, puis - comme l’air froid contient moins d’humidité que l’air chaud - une précipitation va tomber sous forme de garua.
Elle s’étend de novembre à mai, et c’est pendant cette saison qu’ont lieu les pluies annuelles, en général les trois premiers mois de l’année. Néanmoins, la température est en hausse, et les beaux jours sont plus nombreux que pendant la saison de la garua. Les alizés du sud-est diminuent d’intensité, de même que l’action du courant froid de Humboldt. Par contre, les alizés du NE deviennent prépondérants et les eaux chaudes du nord se déplacent vers le sud. Il s’agit là du courant de Panama ou courant de Colombie, dont les eaux ont une température de 24 à 270C, de faible salinité à 33.5 ppm, et pauvres en organismes.
La zone de convergence intertropicale migre vers le sud et ce, à quelques degrés au nord de l’équateur. Lorsque le courant chaud arrive au niveau de la ligne équatoriale, il rencontre le courant de Humboldt, et ils s’associent pour ne former ensuite qu’un seul courant appelé: Courant Sud Equatorial, qui baignera les Galápagos.
L’inversion climatique créée lors de la saison fraîche disparaît, permettant la formation de " cumulus ". Durant cette saison, les précipitations se traduisent par des pluies conventionnelles, fortes pluies de courte durée.
Pendant certaines années, le débit des eaux chaudes venant du nord est considérablement accru. Ce phénomène est appelé "El Niño", car il arrive au moment de Noël. Ce n’est pas un courant au vrai sens du mot. Son action se fait principalement sur le continent sud-américain, où il cause de fortes pluies et des désastres pour la pêche. A priori, il n’affecte pour ainsi dire pas les Galápagos, où il apparaît tous les 4 à 7 ans en moyenne.
Cependant en 1982-83 un Niño exceptionnel fit beaucoup parler de lui aux Galápagos. Neuf mois de pluies continuelles, un taux d’humidité anormal dans l’air, une chaleur étouffante, une température de l’océan élevée à 300C, et une mortalité animale alarmante. Ce Niño, a eu des répercussions climatologiques dans le monde entier, à tel point que les scientifiques se sont sérieusement penché sur le problème pour comprendre comment se déclenche un Niño. Quels sont les facteurs responsables d’un tel déséquilibre?
Il semblerait que le berceau du phénomène ne soit rien de moins que la dynamique de l’océan Pacifique, et le déplacement de certaines masses océaniques énormes.
Pendant la saison fraîche, les alizés du sud-est prépondérants, chassent une grande quantité d’eau marine de surface vers l’ouest, loin des côtes sud-américaines. Dans le Pacifique, les vents poussent également une masse considérable d’eau de surface vers l’ouest. Ceci contribue à un soulèvement caractéristique du niveau de l’océan dans le Pacifique ouest, qui de ce fait crée une colonne d’eau plus haute à l’ouest qu’à l’est. Une partie du système retour’ se fait par le CCNE et le Courant de Cromwell.
En Décembre, avec le début de la saison chaude aux Galápagos, la ZCIT se déplace vers le sud et la température de la mer augmente avec l’arrivée d’eaux chaudes en provenance de Panama. Un supplément d’eaux chaudes sans précédent se déplace alors du Pacifique Ouest vers l’Est.
Nous croyons actuellement que ce serait la source qui a déclenché le Niño 82-83. Ces conditions anormales seraient associées avec la variation de pressions dans le Pacifique, permettant alors aux vents d’ouest équatoriaux de souffler vers l’est. Ceci déclencherait des vagues de surface qui se transportent à travers le Pacifique en drainant des eaux chaudes. D’où l’explication des inondations extensives en Equateur, les pluies abondantes, l’élévation du niveau marin aux Galápagos de 22 cm.
Pour résumer, nous préciserons que la position moyenne de la ZCIT est sensiblement au nord de l’archipel, et ce, parce que les vents dominants viennent du sud-est. Compte tenu du fait que ces alizés du SE apportent l’humidité aux îles, le côté des îles exposé au vent " windward " (pile), est plus humide que le côte opposé ou " leeward " (face). Cela se traduit assez simplement, dans les étages de végétation. La zone aride atteindra une altitude plus élevée sur le côté face, que sur le côté pile. Prenons l’exemple de l’île de Santa Cruz, où le côté exposé au vent (windward) est la face sud: la zone aride s’étend jusqu’à 80 m à 120 mètres maximum. Sur la face nord, côté opposé au vent (leeward), la zone aride monte jusqu’à 200-300 mètres. Il en est de même pour la zone de transition, située au-dessus de la zone aride. Ce phénomène porte le nom de " Rain shadow effect " qui peut se traduire par: " effet-parapluie ". L’île de Fernandina en est un autre exemple, puisqu’elle repose dans le " Rain shadow " de l’île Ilsabela.
JAN. | FEV. | MAR. | AVR. | MAI | JUIN | JUIL. | AOU. | SEP. | OCT. | NOV. | DEC. | |
T. max en °C | 28 | 29.6 | 30.6 | 29.5 | 27.9 | 26 | 24.6 | 24.2 | 24.3 | 25.3 | 25.8 | 26.7 |
T. min en °C | 22.8 | 23.2 | 22.7 | 22.7 | 22.1 | 19.1 | 19.8 | 19.1 | 19.6 | 19.5 | 20.4 | 20.9 |
Heures de soleil | 5.3 | 7.5 | 6.0 | 7.5 | 5.2 | 4.4 | 2.8 | 3.3 | 2.9 | 3.8 | 3.5 | 4.0 |
T. de la mer en °C | 24.4 | 25.2 | 24.9 | 25 | 24.5 | 23.1 | 22 | 21.5 | 21.8 | 22.3 | 23 | 23.3 |